- Biographie
                                                                                                  

Anne-Catherine Blanc est née et a grandi au Sénégal, d’un père mi-catalan, mi-vietnamien et d’une mère suisse, au sein d’une culture métisse. Elle a enseigné le français langue étrangère, travaillé au Maghreb, en Polynésie, à l’île de Pâques, voyagé et navigué. Pour l’instant, elle est au mouillage dans le sud de la France. Sans avoir débarqué son sac sur le quai.
La vie de l’écrivain n’a d’intérêt que pour expliquer (un peu) son écriture. Avec Proust et « Contre Sainte-Beuve », elle croit qu’on n’explique pas grand-chose d’un texte en fouillant les pauvres secrets de son auteur.
De nos jours, dans l’imaginaire collectif, un écrivain est avant tout un spéléologue de l’ombilic, acharné à explorer ses propres méandres. Acharné à éclairer de sa lampe frontale ce que Romain Gary appelle « notre pauvre petit royaume du je, si comique avec sa salle du trône et son enceinte fortifiée ».
Notre époque a élevé l’autofiction au rang de genre majeur. Bien sûr, c’est toujours « je » qui ressent le monde, avant de le dire. Mais le « je » emballé sous vide, les extases, les tourments, l’intimité de l’écrivain, ne feront jamais texte. Tout juste fil de trame.
Les mots naissent des points de contact, les plus variés possible, entre « je » et le monde, entre « je » et l’autre. Seules les origines, les voyages, les rencontres ont le pouvoir de transcender nos mots. Seule l’altérité les accomplit, comme elle accomplit les êtres.
Quand le « je » croise l’autre, les mots qui surgissent entre eux tissent peu à peu le motif d’un récit de l’autre, d’une alterfiction.
Une écriture de l’autre comme accès au monde. À la superbe et terrifiante altérité du monde, à ses fulgurances de beauté et d’horreur.